Aujourd’hui pas de publication informative, juste quelque chose de plus personnel que j’avais envie de partager.
« Ce matin je me suis réveillée aux aurores, les premières lueurs du jour éclairaient la pièce d’un nuancé de gris bleus… J’étais la première réveillée et au lieu d’aller ouvrir la fenêtre comme à mon habitude, j’ai pris le temps de le regarder, lui.
Endormi à côté de moi, lui, c’est mon compagnon de route, mon compagnon de vie, l’homme que j’aime. Alors j’ai pris le temps de détailler chaque trait de son visage, chaque grain de sa peau. J’ai caressé de mon regard chacune de ses rides, redessiné ses contours. Je me suis attardée sur ses cheveux grisonnants en souhaitant les voir blancs car le temps nous aura permis de vieillir ensemble. Et j’ai fermé les yeux. Les souvenirs étaient plus vrais que nature : notre première rencontre, notre premier dîner, nos baisers, cette intimité partagée, nos disputes et nos rires…Mon amour.
Puis je me suis levée emplie d’une magnifique énergie de vie, le sourire aux lèvres.
A l’heure du déjeuner, nous nous sommes retrouvés à table avec les enfants (merci confinement, c’est tellement rare en semaine d’habitude) … là encore j’ai pris le temps de les regarder. Les traits de leurs visages qui sont un peu de leur père, un peu de moi et un « je ne sais quoi » qui leur appartient. Le grain de leur peau…. Les petites cicatrices de mon grand… souvenir d’une varicelle bien carabinée. Son regard si profond qui semble interroger le Monde à chaque instant. Le bleu des yeux de ma fille, identique à celui des yeux de ma mère. Sa jolie moue qu’elle avait déjà bébé et qu’elle a encore quand elle n’est pas d’accord. La lumière qui émane de leurs visages… Le mouvement de leurs lèvres sans pour autant écouter les mots… Ces lèvres si douces lorsqu’elle se posent sur ma joue. Leurs cheveux dans lesquels j’aimais glisser ma main lorsqu’ils étaient petits…Ils sont repartis à leurs occupations et j’ai fermé les yeux. Des flots d’images de leurs naissances à aujourd’hui m’ont envahie. Un film sans début ni fin d’histoires croisées, de moments entrelacés, de chatouilles, de câlins, de larmes et de rires…. Mes amours.
Puis j’ai vaqué à mes occupations, emplie d’amour, le sourire au cœur.
La journée est passée et le soir est arrivé. Seule devant la glace de la salle de bain j’ai décidé de me regarder. Timidement d’abord tellement j’étais gênée… ne voyant que « ce qui n’allait pas » … Et puis j’ai redessiné du regard le contour de mes yeux, suivi chaque ride… celles des rires et celles des soucis. Je me suis attardée sur ces cheveux blancs qui trahissent mon âge puis je me suis approchée du miroir et j’ai plongé mon regard dans le mien… J’ai pris le temps de détailler la forme de mes yeux, la ligne des cils, les ridules aux coins extérieurs, les nuances de mes iris… d’y trouver une pointe de vert en reflet du marron, comme ceux de ma grand-mère…Et j’ai fermé les yeux. Des étapes de ma vie sont remontées à la surface, des plus douloureuses au plus belles… Celles qui font ce que je suis aujourd’hui… Moi.
Aujourd’hui j’ai pris le temps de regarder…. Et j’ai aimé. »
En ce temps de confinement, peut-être que ce témoignage personnel vous donnera envie à vous aussi de regarder vos proches différemment pour y découvrir, redécouvrir ce qui fait la force de votre amour pour eux… et peut-être vous aventurerez vous à jeter un regard dans le miroir… par amour pour vous. »
Photo : "Devant le miroir" - E. Manet